Pourquoi certains organismes de formation renoncent à la certification
La certification Qualiopi, promue comme une garantie de qualité pour les organismes de formation, suscite de plus en plus de débats. Bien qu’elle vise à structurer et améliorer la formation professionnelle en France, ses exigences administratives et ses potentielles dérives interrogent.
Trop d’administratif, pas assez de pédagogie
Pour beaucoup d’organismes de formation, Qualiopi s’est transformée en un exercice bureaucratique pesant. Les audits, initialement pensés pour évaluer la qualité pédagogique, semblent privilégier les preuves administratives au détriment de la réalité des pratiques.
- Exigences disproportionnées : Les auditeurs demandent des documents exhaustifs et souvent superflus. Par exemple, un simple tour de table ou une évaluation positive des participants peut être jugé insuffisant sans tableau récapitulatif formel.
- Un système complexe et rigide : Des non-conformités majeures peuvent être attribuées malgré une pédagogie irréprochable, simplement parce que certaines « preuves » administratives manquent.
- Une perte de sens : L’objectif de Qualiopi semble de plus en plus axé sur la conformité administrative que sur l’amélioration pédagogique. Ce déplacement d’objectif pousse certains organismes à questionner la pertinence de leur certification.
Ces démarches découragent de nombreux acteurs, en particulier les petites structures, qui manquent de ressources pour répondre à des exigences jugées excessives.
Des conflits d’intérêts préoccupants dans le processus de certification
Le système Qualiopi manque aussi de neutralité à cause du double rôle de certains auditeurs. Ces derniers agissent à la fois comme « accompagnateurs » et auditeurs Qualiopi, ce qui pose des problèmes d’éthiques importants.
- Un cumul des fonctions problématique : Certains auditeurs proposent aussi des prestations d’accompagnement aux organismes qu’ils sont censés évaluer. Cette situation est comparable à un inspecteur du permis de conduire qui posséderait également une auto-école. Cela remet en cause la probité du processus.
- Une pression financière : De nombreux organismes se sentent contraints de faire appel à des accompagnateurs pour garantir leur certification, engendrant des coûts significatifs (jusqu’à 10 000 euros). Ces pratiques excluent souvent les structures modestes, renforçant les inégalités dans le secteur.
- Un système à réformer : L’absence de cadre clair interdisant le cumul des fonctions nuit à la transparence et à l’équité de la certification. Une réforme s’impose pour rétablir la confiance.
Des conséquences systémiques inquiétantes
Le système Qualiopi, dans ses dérives, engendre des impacts bien au-delà des organismes de formation, compromettant l’accès à la formation continue pour de nombreux professionnels.
- Un accès à la formation de plus en plus restreint
- Autrefois considéré comme un droit fondamental, l’accès à la formation devient aujourd’hui un véritable parcours du combattant. Les financements diminuent et les lourdeurs administratives découragent de nombreuses structures à proposer des formations.
- Un droit en déclin alarmant
- Dans des secteurs comme la petite enfance, les formations INTER ou INTRA, qui étaient autrefois la norme, se raréfient. Aujourd’hui, une simple demi-journée de formation par an suffit à peine à répondre aux besoins, marquant un recul préoccupant.
- Un système bureaucratique étouffant
- Plutôt que de soutenir réellement la formation professionnelle, l’État semble privilégier la réduction des demandes de financement. Ce choix punit les professionnels, ralentit le développement des compétences, et compromet l’avenir des usagers finaux.
Le système Qualiopi, bien qu’animé par des intentions louables à son lancement, est aujourd’hui confronté à des critiques grandissantes. Les exigences bureaucratiques excessives, les conflits d’intérêts et les conséquences systémiques appellent une réforme urgente.
Les organismes de formation, les formateurs et les professionnels doivent se mobiliser pour réclamer une certification plus éthique et transparente. Il est essentiel de garantir que Qualiopi serve réellement à promouvoir la qualité pédagogique, et non à entretenir un système administratif lourd et coûteux.