Les écoles sans formateurs sont-elles éligibles à Qualiopi et quel est leur impact sur l'apprentissage autonome ?

Lors d’un récent atelier sur la certification Qualiopi, une question particulièrement pertinente a été soulevée : les écoles atypiques, où les élèves évoluent dans un environnement d’apprentissage autonome, sont-elles éligibles à la certification Qualiopi ? Ce débat, qui concerne certains établissements, met en lumière un modèle éducatif novateur, où les apprenants construisent leurs compétences de manière indépendante, sans formateurs classiques.

L'éligibilité à Qualiopi pour les écoles sans formateurs

François Mabillot, un expert de la certification, a partagé son avis nuancé sur ces nouvelles approches pédagogiques. Selon lui, bien que ces établissements soient innovants, l'éligibilité à Qualiopi dépend surtout de la rigueur des processus mis en place, notamment en termes de conformité aux critères de la certification.‍

1. Respect des indicateurs de Qualiopi

Il est essentiel que même dans un modèle d’apprentissage autonome, l'école cadre la formation autour d'objectifs pédagogiques clairs. L'indicateur 4, par exemple, exige que les missions confiées en entreprise respectent la progression pédagogique. “L'indicateur 4 impose donc à l'établissement de formation de s'assurer que les missions qui vont être confiées en entreprise vont dans le sens de la maquette pédagogique et de la progression entre autres, qu’on ne s’éloigne pas et qu’on n'a pas pris un apprenti pour lui faire faire tout autre chose” affirme François MABILLOT.

2. Analyse des besoins et adéquation

L’un des points forts des écoles réside dans leur capacité à choisir des apprenants autonomes. L'analyse du besoin, que ce soit celui de l’élève ou de l’entreprise, joue un rôle clé (indicateur 4 et 5). François MABILLOT met l'accent sur la nécessité de s’assurer que l’apprenant ne se trompe pas de voie, et que l’entreprise partenaire ait bien évalué les compétences nécessaires avant de recruter.‍

3. Traçabilité et progression

L’indicateur 13, qui concerne la traçabilité de la progression de l’apprenant, est un autre élément fondamental. François Mabillot explique qu'il est indispensable de pouvoir suivre l’évolution de l’élève, même dans un modèle où les cours se font à distance ou de manière autonome. Les outils numériques peuvent jouer un rôle essentiel pour assurer ce suivi, mais ils doivent être accompagnés de preuves concrètes que l’élève progresse réellement.

Les enjeux des indicateurs Qualiopi pour les écoles sans formateurs

Certains indicateurs Qualiopi sont cruciaux pour évaluer leur éligibilité à la certification. Bien que ces établissements offrent des parcours autonomes, ils doivent répondre à des exigences rigoureuses en matière de suivi pédagogique et de progression des élèves :

• L'indicateur 13, “Il faut une traçabilité de la progression, même si dans l'entreprise où se trouve ce jeune, il y a peut-être un encadrement disons différent du classique, un tuteur un apprenti, il peut y avoir un encadrement collectif peut-être, il est extrêmement important d'avoir quand même une connaissance de ce qui est fait et comment ces moments choisis sont tracés, pour qu’il ait un recadrage au niveau de l'entreprise.” dit-il
• De plus, l'indicateur 12, met l'accent sur la prévention du décrochage scolaire. Les écoles doivent démontrer qu’elles offrent un accompagnement renforcé, afin de s’assurer que l’autonomie de l’étudiant ne mène pas à un isolement ou à un abandon. Cet accompagnement peut prendre la forme de tutorat, de coaching, ou encore de ressources pédagogiques adaptées.
• L'indicateur 11 veille à ce que des évaluations concrètes soient réalisées tout au long du parcours, garantissant ainsi la progression pédagogique. Ces évaluations doivent être en adéquation avec le contenu pédagogique initialement présenté, souvent défini par l'indicateur 4 ”on a un parcours de formation qui est cadré par des objectifs et par un contenu et des conditions de mise en œuvre (4-5-6)”.

L'autonomie des apprenants

L'autonomie des apprenants devient un critère central. Ces établissements ont renforcé leurs exigences en matière de recrutement, cherchant des élèves capables de gérer leur propre apprentissage. “Elles ont renforcé leurs exigences au niveau du recrutement des apprentis, on prend des personnes qui sont dans les process d'admission, on a cherché à connaître l'appétence et le caractère, la capacité à supporter cette autonomie.” énonce François MABILLOT.

Cette autonomie impose toutefois des responsabilités accrues aux écoles. Elles doivent souvent renforcer le rôle des coachs et tuteurs pour pallier l'absence de formateurs classiques. Ces accompagnateurs jouent un rôle clé en fournissant un suivi personnalisé, des ressources adaptées, et un soutien social constant. Cette présence est cruciale pour prévenir le décrochage scolaire, car l'isolement et l'autonomie mal encadrée peuvent rapidement mettre en péril à la fois le parcours de l'élève et le modèle économique de l'école.

Ces nouvelles modalités pédagogiques poussent les établissements à réinventer leurs approches. Ils ne peuvent plus se contenter de méthodes descendantes ; ils doivent trouver des moyens variés et dynamiques pour captiver l'attention des apprenants. Cela concerne aussi bien les jeunes générations que les adultes en formation continue, qui viennent parfois chercher un "électrochoc" en deux jours de formation, quand il en faudrait davantage pour des résultats durables.

Les écoles sans formateurs, qui misent sur l'autonomie et l'apprentissage par des outils numériques, doivent démontrer que leurs processus pédagogiques cadrent avec les exigences de Qualiopi. L'accent est mis sur la traçabilité de la progression, la relation avec les entreprises partenaires, et l'encadrement rigoureux des étudiants. Si ces conditions sont respectées, ces écoles innovantes peuvent non seulement être éligibles à Qualiopi, mais également servir d’exemple pour de nouvelles formes d’apprentissage.

‍